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Inflation & actions en bourse : comprendre la mécanique

Quels sont les impacts de l’inflation sur la bourse ? Quels sont les impacts de la hausse des taux d’intérêt sur la valeur des actions ? Ce sont deux questions extrêmement importantes pour lesquelles nous tentons de répondre à travers cet article. Nous espérons vous aider à apprendre à investir (un peu mieux) en bourse !

I- Quels sont les impacts de l’inflation sur les fondamentaux des entreprises ?

L’inflation est la hausse générale et durable des prix. Cette augmentation engendre plusieurs impacts sur les entreprises :

• Impacts sur le chiffre d’affaires des entreprises

L’augmentation des prix qu’engendre l’inflation a, généralement, un impact direct sur le chiffre d’affaires des entreprises qui n’est autre que le reflet du prix de vente multiplié par le volume de ventes. En temps d’inflation, les augmentations du chiffre d’affaires des entreprises sont donc à prendre avec des pincettes. Il faut pousser un peu plus l’analyse. Il ne faudra pas s’arrêter aux chiffres liés à l’augmentation du chiffre d’affaires. Il faut surtout s’intéresser à l’évolution de la marge opérationnelle dans un premier temps. Par contre, si vous vous retrouvez en temps d’inflation, face à une entreprise dont le chiffre d’affaires stagne, vous serez alors face à une entreprise incapable re répercuter la hausse des prix globale sur ses clients et dans ce cas… la prudence est de mise !

• Impact de l’inflation sur les marges opérationnelles

L’inflation est souvent globale mais elle ne touche pas tous les secteurs de la même manière. La place qu’occupe également l’entreprise dans la chaine de valeur, peut également différer l’impact de l’inflation sur les marges opérationnelles. Si l’entreprise a un rapport de force en sa faveur auprès de ses fournisseurs elle va pouvoir freiner la hausse des coûts en répercutant une grande partie de la hausse des prix sur… les marges du fournisseur ! Et si en plus elle dispose d’un avantage concurrentiel perceptible par ses clients, elle pourra alors augmenter aussi ses prix finaux, tout en conservant ses volumes. La marge opérationnelle va ainsi profiter de cet effet inflationniste. C’est ce qu’on appelle le « pricing power ». L’exemple le plus intuitif est le luxe. Les produits d’Hermès par exemple, sont tellement désirés par ses clients que cette dernière pourrait augmenter ses prix de 10% chaque année sans perdre en volume. C’est cette capacité à pouvoir fixer librement les prix sans rebuter les clients qu’on appelle le « Pricing Power ». En revanche, une entreprise dont le prix des matières premières ont augmenté et qui est handicapée par une sensibilité élevée de ses clients vis-à-vis du prix final verra immanquablement ses marges opérationnelles chuter. Ces deux exemples constituent les deux extrêmes du spectre d’analyse.  

• Impact de l’inflation sur le cash net

Si vous vous retrouvez face à une entreprise disposant d’une trésorerie nette largement positive avec un véritable trésor de guerre dans son compte en banque, sachez que ce « trésor » va souffrir de l’inflation et va, d’année en année, perdre de sa valeur s’il n’est pas placé ou investi convenablement.

• Impact de l’inflation sur les taux d’intérêts

Lorsque l’inflation devient trop importante et qu’on estime qu’elle s’inscrit dans la durée, les banquiers centraux n’ont d’autres choix que d’augmenter les taux d’intérêts. C’est le levier le plus important dont ils disposent pour réduire la quantité de monnaie en circulation et, par conséquent, freiner la hausse de l’inflation pour qu’elle ne devienne pas galopante. Une hausse des taux d’intérêts a de multiples effets sur les entreprises et leurs actions. Nous les détaillons dans la seconde partie de cet article.

Conclusion : En l’absence d’une hausse de taux d’intérêts, l’inflation sera bénéfique pour les entreprises disposant d’un pricing power élevé et extrêmement handicapante pour les entreprises qui ne disposent pas d’avantage concurrentiel. Mais en cas de hausse des taux d’intérêts, toute l’analyse se complexifie… Nous essayons de la vulgariser au maximum dans la seconde partie cet article. 

II - Quels sont les impacts d’une hausse des taux d’intérêts sur les entreprises et leurs actions ?

Si les banquiers centraux décident d’augmenter leurs taux d’intérêt les effets sur les entreprises et leurs actions seront alors multiples :

• Impact de la hausse des taux d’intérêt sur la marge nette

Toute chose étant égale par ailleurs, une hausse des taux d’intérêt aura un impact direct sur les marges nettes des entreprises endettées. Le coût financier de la dette sera forcément plus élevé si les taux d’intérêts directeurs augmentent.

• Impact de la hausse des taux d’intérêt sur les entreprises usant de la croissance externe :

Certaines entreprises font appel au levier financier qu’offre l’endettement pour réaliser des acquisitions externes et croitre. Une hausse des taux aura forcément un impact négatif sur ce rythme de la croissance externe future. Le coût de la dette devenant plus important, les possibilités d’user du levier de l’endettement s’amenuisent.

• Impact de la hausse des taux d’intérêt sur les valorisations et la bourse :

Une hausse des taux a un effet direct et violent sur les valorisations des entreprises et donc sur le cours de leurs actions en bourse. Pire, l’effet peut être encore plus insidieux : même en l’absence d’une hausse avérée, il suffit que le marché anticipe une hausse des taux pour que l’on assiste à une sanction quasi immédiate sur les cours des actions cotées. Il s’agit là du point le plus important à comprendre. Nous essayerons de vous aider à y voir plus claire à travers la série de questions ci-dessous :

Pourquoi les cours de bourse baissent lorsque le marché anticipe une hausse des taux d’intérêts ?

Outre les aspects fondamentaux mentionnés dans les deux premières parties de cet article, il y a un autre aspect, purement financier, qui tire les cours de bourse vers le bas : la prime de risque. Il s’agit de la différence entre i) les rendements sans risques (taux d’intérêts sans risques représentés le plus souvent pas les dettes d’Etats) et ii) les rendements des bénéfices des actions d’entreprises (souvent calculés comme suit : 1 / PER). Pourquoi la différence entre ces 2 taux de rendements est appelée « Prime de risque » ? C’est parce que cette prime représente ce qu’est prêt à payer un investisseur pour accepter le risque intrinsèque à chaque entreprise et à chaque action. Ce risque est lié aux incertitudes liées à la croissance de ses bénéfices, à leur pérennité, etc. A contrario, une dette d’Etat est considérée comme 100% solvable et est ainsi considérée en finance, comme étant le risque 0. Lorsque les taux dits « sans risque » augmentent et que les rendements des bénéfices des entreprises restent constants, cette prime de risque va être grapillée. En cas de hausse ou d’anticipation de hausse des taux sans risques, le marché va systématiquement baisser les cours de bourse pour conserver le même niveau de prime de risque. Il arrive même parfois, que le marché estime qu’avec cette nouvelle donne et au vu des différentes incertitudes fondamentales explicitées plus haut dans l’article, cette prime de risque devrait augmenter. Et la baisse des cours ne sera donc que plus forte… Il faut le visualiser comme une équation à 4 paramètres :

 

Bénéfice par action / Cours de bourse = prime de risque + taux sans risque.

 

=> si le taux sans risque augmente et que le bénéfice par action et la prime de risque restent constants, c’est forcément le cours de bourse qui baissera pour rééquilibrer l’équation.       

Exemple 1 : action de croissance : Une action de croissance dont le prime de risque exigée par les investisseurs est de 2% et un taux d’intérêt sans risque de 0,5 % : son taux de rendement atterrirait donc à 2,5% soit un PER de 40. Si les taux sans risques venaient à augmenter brusquement de 1,5% pour atteindre un total de 2% et que les autres éléments restent égaux : l’équation s’équilibrerait avec une baisse des cours de 37,5% pour ramener le PER à 25 et donc le taux de rendement des actions à 4%.   

Exemple 2 : action value : Une action value a généralement un PER moins élevé car une prime de risque plus importante. Dans la même situation initiale de taux sans risque de 0,5%, supposons que cette action value ait une prime de risque 12%, et donc un taux de rendement de 12,5% (PER de 8). Avec une même augmentation du taux sans risque qui atteindrait brusquement les 2%, toute chose étant égale par ailleurs, le cours de bourse ne baissera que de 11,25% pour rééquilibrer l’équation et atterrir sur un PER de 7,1. 

=> En cas de hausse des taux ou d’anticipation de hausse des taux, les actions values baisseront de manière moins importante que les actions de croissance.

III - Quels types d’actions faut-il privilégier dans une situation inflationniste avec un risque de hausse des taux ?

La réponse à cette question résume tout ce que l’on a mentionné dans cet article. Chez MasterBourse, dans ce type de situation inflationniste avec un risque de hausse des taux sans risque, nous privilégions les actions des entreprises qui regroupent la somme des caractéristiques suivantes :

1 – Les entreprises disposant d’un avantage concurrentiel leur procurant un pricing power ;

2- Les entreprises dont les revenus sont récurrents ;

4 – Les entreprises évoluant dans un marché en croissance organique (et dont la croissance ne dépend pas uniquement des croissances externes) ;

5 – Les entreprises très peu endettées ;

6 – Les entreprises dont les actions sont valorisées avec un PER raisonnable au vu de leur potentiel de croissance (afin d’éviter une sensibilité trop importante en cas de hausse des taux).

Pour résumer, nous privilégions les actions de croissance à prix doux 😊 Et on peut vous assurer qu’il en existe un certain nombre !

Si vous souhaitez aller plus loin, Youssef avait fait une vidéo pour la chaîne WiBourse dans laquelle il explicite notamment ces mécanismes liés aux impacts des taux sur les valorisations des actions en bourse.

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7 commentaires sur “Inflation & actions en bourse : comprendre la mécanique”

  1. Excellent article! J’ai pris plaisir à prendre des notes, autant sur l’article que la vidéo.
    J’avais entendu parlé du concept de prime de risque, mais sa compréhension était difficile. Votre article explique facilement ce concept et la vidéo vient l’appuyer et le détailler. C’est vraiment plaisant. Hâte au prochain article, et merci à l’équipe pour ce partage de connaissance !

  2. Bonsoir MasterBourse,

    Merci pour votre article complet sur l’impact de l’inflation sur le cours des actions.
    Votre article explique beaucoup de choses, dont certaines que je n’avais jamais remarqué.

    En vous souhaitant une excellente soirée !

  3. Merci pour cet article.
    Comment sont déterminés les niveaux de prime de risque ?
    C’est une convention tacite ? Où peut trouver les chiffres de prime de risque suivant le type d’actions ?

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