VE/EBIT : définition, formule et interprétation
- Par : L'équipe MasterBourse
Le ratio VE/EBIT est l’un des ratios les plus utilisés par les investisseurs pour évaluer le niveau du prix d’une action. Un incontournable qu’il faut bien comprendre pour maitriser l’une des principales clés pour réussir ses investissements en bourse : acheter la bonne action au bon prix !
VE/EBIT : définition et formule du ratio :
VE/EBIT
- VE : Valeur d’entreprise = Capitalisation + Dettes financières nettes.
- Dettes financières nettes = Dettes financières à court et long terme – Liquidités nettes.
- EBIT = Résultat d’exploitation.
Utilité et benchmarks
Le ratio VE / EBIT donne une bonne indication sur le niveau du prix d’une action par rapport à sa capacité bénéficiaire. Il est un excellent point de départ dans une optique de présélection ou de comparaison entre différentes sociétés du même type. Il peut également être utilisé pour la validation finale d’une décision d’investissement.
Pour Jean-Marie Eveillard, célèbre investisseur dans la valeur, on peut définir, en fonction du taux d’intérêt sans risque, des bornes maximales du ratio (VE / EBIT) qui peuvent aider l’investisseur à faire son choix final. Jean-Marie Eveillard définit les bornes maximales suivantes. Nous vous les présentons à titre indicatif pour pouvoir avoir un benchmark. Ils sont susceptibles d’évoluer en fonction du niveau des taux d’intérêt sans risque :
- Si les fondamentaux de l’entreprise sont jugés par l’investisseur comme étant « modérément bons » => Ne pas payer un prix supérieur à VE/EBIT = 8 ;
- Si les fondamentaux de l’entreprise sont jugés par l’investisseur comme étant « attractifs » => Ne pas payer un prix supérieur à VE/EBIT = 10 ;
- Si les fondamentaux de l’entreprise sont jugés par l’investisseur comme étant « exceptionnels » => Ne pas payer un prix supérieur à VE/EBIT =12.
Vous l’aurez remarqué, toutes les phrases commencent par « si les fondamentaux de l’entreprise sont jugés… ». Le VE / EBIT, même s’il s’agit d’un ratio fort utile, ne peut constituer, à lui seul, un argument d’achat. Une thèse d’investissement doit aller bien plus loin que ce simple ratio pour pouvoir juger la qualité réelle d’une entreprise (l’article suivant présente les bases de l’analyse fondamentale, étape primordiale avant tout investissement en bourse).
Pour les entreprises de type Growth (de croissance), la lecture peut, elle aussi, être différente.
Le ratio VE/EBIT vs. le ratio PER
Les ratios VE / EBIT et le PER sont d’excellents outils comparatifs. Ils permettent à l’investisseur de mesurer les niveaux de prix que pratique le marché sur telle ou telle entreprise par rapport à une autre.
Le PER présente beaucoup d’avantages, mais il concentre un certain nombre de limites qui peuvent biaiser l’analyse et la comparaison entre les sociétés (lire également : Le PER : définition, utilité et limites).
La force du ratio VE / EBIT est qu’il pallie les plus grandes faiblesses du PER. Il limite les biais et est plus efficace que le PER dans une logique de présélection et de comparaison en termes de prix.
Il présente, par rapport au PER, deux avantages notables :
- i) Il intègre certaines données bilancielles dont l’endettement et la trésorerie ;
- ii) Il utilise l’EBIT en lieu et place du résultat net, pour gommer les charges et produits exceptionnels. Le résultat net retenu dans le calcul du PER intègre en effet ces éléments qui peuvent polluer la lecture et l’analyse.
VE/EBIT : l’importance de la prise en compte de la dette financière nette
L’endettement et la trésorerie disponible est une composante extrêmement importante pour valoriser les titres d’une société. La structure financière doit être analysée car elle peut bousculer intégralement la valeur réelle. Pour mieux comprendre l’impact de l’endettement et l’analyse du niveau de ce dernier, cet article peut vous être utile : comprendre le gearing.
Contrairement au PER, le ratio (VE / EBIT) retient la valeur d’entreprise (VE) en lieu et place de la simple capitalisation. Il intègre donc la dimension endettement et position de trésorerie dans l’analyse.
Imaginons le cas suivant : l’entreprise XYZ présente :
- Une capitalisation de 100 millions d’euros.
- Un cours de bourse de 20 € par action.
- Un résultat d’exploitation (EBIT) à 7 M€.
- Un bénéfice net à 2,5 M€ (soit un bénéfice net par action de 0,50 €).
Son PER s’établirait dans ce cas à : 20 / 0,50 = 40. Un PER de 40 peut sembler dans l’absolu comme étant particulièrement haut. Pourtant, supposons que cette même entreprise ait une dette financière nette négative de 60 millions d’euros. Une dette financière nette négative équivaut à une trésorerie nette supérieure aux dettes financières. L’entreprise XYZ est donc assise sur un petit trésor de cash de 60 millions d’euros ! En utilisant le ratio VE / EBIT, il en ressort le calcul suivant :
VE = (100 M€ – 60 M€) / 7 M€ = 5,7
Un VE / EBIT de 5,7 n’a absolument rien à voir avec un PER de 40 ! On comprend donc grâce à ce ratio que le niveau du prix actuel est loin d’être excessif. L’analyse de XYZ mériterait donc d’aller plus loin. La seule analyse du PER nous aurait sans doute stoppés… à tort !
L’importance de la prise en compte de l’EBIT
Le PER prend en compte le bénéfice net par action comme référence. Reprenons notre exemple de l’entreprise XYZ. L’EBIT s’établit à 5 M€ et le bénéfice net à 2,5 M€. Cette différence peut s’expliquer par des éléments ponctuels (tels que des provisions ou autres éléments exceptionnels) qui peuvent venir baisser « artificiellement » la capacité bénéficiaire réelle de l’entreprise. L’EBIT donne une meilleure représentation de cette capacité bénéficiaire réelle et constitue donc une meilleure référence pour évaluer le niveau de prix d’une action.
L’inverse du ratio VE / EBIT nous donne une idée du rendement attendu :
Si une entreprise a un ratio de VE / EBIT de 8, alors le taux de rendement attendu avec un EBIT équivalent est dans ce cas de : 1 / 8 = 12,5%. Ce taux peut être très intéressant à calculer pour ensuite le comparer au taux sans risque et évaluer l’intérêt de cet investissement à ce niveau de prix.
Ce ratio est si important que Joel Greenblatt, célèbre investisseur, en a fait l’un des deux piliers de sa « formule magique » ! S’assurer que le rendement (EBIT / VE) est assez élevé pour que l’action puisse être considérée comme étant une « bonne affaire » est pour lui un prérequis essentiel !
Hello,
Petite typo dans la formule de l’exemple donné : VE = (100 M€ – 60 M€) / 7 M€ et non divisé par 5M€ ?
Sinon excellent article, un seul ratio ne peut à lui seul constituer une décision d’achat.
Hello Warren,
Bien vu et merci pour le feed-back !
Excellente journée
Merci, j’ai ENFIN compris ce ratio (et c’est pas peine d’avoir essayé par le passé !!)
Hello MasterBourse!
Merci pour cet article 🙂
Pourquoi préférez-vous le ratio VE/EBIT vs VE/EBITDA, ce dernier enlevant la pollution des amortissements (non-cash + décision comptable sur les modes et durées d’amortissement qui peuvent polluer les comparaisons)?
Merci beaucoup et continuez ce travail incroyable 🙂
Gautier
Bonjour Gautier,
Merci pour votre commentaire. Nous sommes ravis que notre contenu vous plaise.
Nous préférons l’EBIT à l’EBITDA en grande partie pour cette prise en compte de l’amortissement. Sur le long terme, l’amortissement équivaut aux besoins de l’entreprise en investissement pour développer (ou a minima maintenir) son outil de production. Ne pas prendre en compte ces besoins en CAPEX donne une vision biaisée de la capacité réelle de l’entreprise à générer du cash. L’EBIT est donc plus représentatif de la capacité bénéficiaire réelle de l’entreprise.
Dans des entreprises à faible CAPEX (entreprises de services de manière générale), il n’y a pas trop de différence si on retient l’EBITDA ou l’EBIT. Mais pour les industries, les CAPEX sont vitaux. C’est pourquoi retenir l’EBIT nous semble être plus pertinent.
En espérant avoir répondu le plus clairement possible à votre question (très intéressante d’ailleurs, merci de l’avoir posée car elle enrichit le contenu de cet article pour les prochains lecteurs).
Amicalement
L’équipe Masterbouse
Bonjour
Merci pour votre analyse très claire et précise.
Mais pourquoi n’ incinie t on pas cela dès le lycée pour nos jeunes ?